8 clés pour booster sa motivation quand elle flanche

8 clés pour booster sa motivation quand elle flanche

8 clés pour booster sa motivation quand elle flanche

Comment booster sa motivation après la chute ! Car, oui, même les meilleurs passent par là. Celles et ceux dont les forces semblent les porter toujours plus haut, plus loin. Celles et ceux qui cultivent un sens du dépassement continu. Qu’ils ou elles soient chercheurs, entrepreneurs, athlètes… personne n’est à l'abri. Une fracture ou un coup de blues pour un sportif, un épuisement ou un échec pour le golden boy ou la super woman, une impasse pour une scientifique, un raté pour le sportif, des injonctions paradoxales répétées au travailleur performant, les manques de reconnaissance, la sensation d’accumuler les erreurs, de ne plus être à la hauteur ou d’être poursuivi par la poisse…

Peu importe la cause, personne n'est invulnérable. À certains moments, la motivation flanche et il va être nécessaire de trouver des moyens de la booster.

Comment rebondir ?

Se remotiver face aux caprices de son environnement ou des événements devient un exercice de style fastidieux quand l’énergie n’y est plus. Comment booster sa motivation quand l’envie semble avoir disparu ? C’est la question que s'est posée Victoria, un matin, scotchée au fond de son lit, incapable de se décider à se lever pour aller travailler. Des mois de différences de vision entre elle et sa direction, les injonctions changeantes d’un dirigeant pataugeant parfois aussi dans le doute, avaient lessivé ce qu’il lui restait d’énergie et d’enthousiasme. Mais il y a une citation que son patron lui répétait à chaque pulsion démissionnaire, et pour laquelle elle ne pouvait s’empêcher de lui donner raison :

L’obstacle est le chemin.

Victoria : "J’ai donc choisi de me ressaisir et de reprendre le pouvoir sur ma vie, de retrouver la motivation pour reprendre ma place dans l’équipe et de ne plus subir. Afin de me réconforter et de mettre certaines stratégies en place, j’ai parcouru quelques pages intéressantes de la littérature neuroscientifique sur le sujet. La première étape consiste à prendre conscience que, si l’aide d’un·e proche ou d’un·e coach peut aider considérablement, personne ne peut faire le travail à la place de celui ou celle qui est démotivée : « Que ce soit dans l’expression de ses préférences, les occasions d’exercer un choix, la reprise graduelle de décisions ou dans les occasions d’affirmation de soi, la personne est considérée au centre de l’intervention, est incitée à exercer de plus en plus son pouvoir d’agir sur son environnement. Cette reconnaissance de la personne et de ses actions vient renforcer sa valeur personnelle et son aptitude à remplir ses rôles occupationnels »*.

Quelles dynamiques pour la motivation ? Profonde ou réactionnelle ? Intrinsèque ou extrinsèque ?

La baisse de motivation peut être profonde ou réactionnelle. Lorsqu’elle est réactionnelle, il est plus facile de se remotiver en commençant par accepter qu’il est naturel de connaître des baisses d’énergie, puis en faisant preuve de curiosité, de créativité, d’ouverture d’esprit. Lorsqu’elle est profonde, il y a lieu de se livrer à une introspection et de se poser les bonnes questions sur le sens que l’on donne à sa vie. Ensuite, la façon dont nous poursuivons un objectif peut générer des dynamiques différentes. Pour certains, la motivation peut être extrinsèque (liée à un résultat comme la reconnaissance ou un récompense) ; pour d’autres, elle est intrinsèque (liée au sens ou au plaisir de l'action). Elle peut nous amener à avancer vers quelque chose de meilleur pour nous (je désire) ou à nous éloigner de quelque chose dont on ne veut plus (je fuis).

Associer motivation intrinsèque et extrinsèque

La combinaison idéale consiste à être intrinsèquement motivé·e d’aller vers son désir, y trouver du sens et du plaisir, deux excellents carburants de motivation. Avoir envie de se sentir bien dans son corps, bien dans sa tête, et se créer un cadre favorable au développement de son plaisir est fondamental pour la motivation. Il était donc plus judicieux pour moi de chercher à recréer un espace d’autonomie et de créativité essentiels à mon épanouissement au travail, plutôt que de fuir la situation parce qu’elle me renvoyait la mauvaise image sociale de mes découragements. Et cela passait évidemment par l’adoption d’un meilleur état d’esprit, car celui-ci est primordial à toute action et c’est par l’action seule que l’on peut relancer peu à peu sa motivation. J’ai donc commencé par de tout petits pas, des efforts si minimes qu’il m’aurait difficile de ne pas les faire 😉 Et ensuite j’ai simplement persévéré.

Dans le cas de ma remotivation professionnelle, ajoute Victoria, il s’agissait de privilégier les tâches qui me demandaient le moins d’effort et me procuraient le plus de satisfaction et de plaisir. (Comme, par exemple, écrire ce texte ;-)"

8 clés pour booster sa motivation

  1. Je fais le point sur mes valeurs : dans quelle mesure je me sens en accord profond avec ma situation actuelle ? Qu'est-ce qui est aligné, qu'est-ce qui est désaxé ?
  2. Je définis mes attentes : quels sont les objectifs que j’aimerais atteindre ? En quoi sont-ils importants pour moi ? Je fais la part des choses : mes motivations sont-elles intrinsèques ou extrinsèques ? Si elles sont liées au résultat attendu, quelle serait une source de motivation intrinsèque : quel plaisir puis-je trouver à faire ce que j’ai à faire et / ou quel sens cela pourrait-il avoir pour moi ?
  3. En me lançant des petits défis au quotidien pour rendre mes tâches ludiques, je retrouve du plaisir à les faire.
  4. Un petit pas à la fois : les découragements proviennent souvent d’une charge trop importante d’activités. Cela peut saper à la longue mon capital énergétique. Je mise sur la progression et l’effet cumulé, un seul objectif à la fois.
  5. Je fais de mon objectif une priorité et je le garde à l’esprit tant que je ne l’ai pas atteint. Je pense à me le rappeler régulièrement pour être certain de ne plus passer à côté.
  6. Je sollicite le support et les encouragements de mon entourage.
  7. Je me récompense à chaque avancée, aussi menu soit le succès intermédiaire !
  8. Une évidence : je me repose suffisamment, je bois beaucoup d’eau, je mange sainement et je mets une priorité à soigner mon hygiène de vie !

En avez-vous d’autres à partager ?

Merci d’avance pour vos idées et commentaires ! 🙂

Avec l’autodétermination, retrouvez une motivation à toute épreuve

Avec l’autodétermination, retrouvez une motivation à toute épreuve

Avec l'autodétermination, retrouvez une motivation à toute épreuve

Votre motivation vous semble en berne ? Vous n’avez pas encore eu assez de temps pour vous reposer, de prendre des vacances ou bien elles sont (déjà!) finies et vous vous sentez un peu à plat. C’est d’autant plus râlant que vous observez du coin de l’œil cette personne toujours aussi constructive et souriante. On dirait presque qu’elle vous nargue avec sa mine réjouie alors que vous commencez déjà à perdre votre bronzage. Sa motivation semble être comme une seconde peau. Elle déborde d’énergie, et son dynamisme en devient presque agaçant.

Bon sang, comment fait-elle ?

Mais oui, on connait tous cette personne -  celle qui ne relâche jamais la pression, quand nous, on peut facilement laisser tomber les bras. Notre machine à rumination se met alors en route : “Pourquoi est-ce que je fais ce boulot ? Pourquoi est-ce que je devrai accomplir ce travail ? Pourquoi est-ce que je m’évertue à faire ceci plutôt que cela ?” Et après les ruminations vient la lassitude: “J’en ai marre, j’en peux plus”.

Comment faire pour que notre motivation soit à toute épreuve ?

Pour trouver le comment, il est importe de comprendre d’abord le pourquoi. La théorie de l’autodétermination (Deci and Ryan) nous éclaire à ce sujet, et nous apporte ainsi quelques clés bien utiles. Selon ces chercheurs, la différence entre les personnes très motivées et celles qui le sont moins provient de l’origine de leur motivation. Ils en ont identifié deux formes principales : les motivations autodéterminées (ou intrinsèques) et les autres (extrinsèques).

Motivation autodéterminée ou pas ?

Une motivation est dite autodéterminée quand l’activité est réalisée spontanément. On fait quelque chose, on agit, on travaille, pour une raison qui fait sens pour nous, et qui est posée selon un choix délibéré, dénué de pression extérieure. L’activité est un plaisir, un accomplissement - comme le fait de rédiger cet article, par exemple 😉 Tandis qu’on appelle non-autodéterminées des motivations externes. Par exemple, quand on se lance dans une activité ou un travail, parce qu’on y est forcé, incité par des contraintes matérielles ou par la culpabilité. Cela peut être aussi pour obtenir un résultat comme de l’argent (ou la fortune), ou pour se valoriser par rapport aux autres. Le plaisir ou la satisfaction ne viennent pas de l’action elle-même mais du résultat de l’action. Dans ces cas, notre motivation est beaucoup plus fragile et risque de décroître plus vite, surtout si les résultats se font attendre.

Il existe bien sûr différents degrés entre ses deux formes de motivation - les choses ne sont pas binaires. Et si jusqu'ici, c’est relativement simple, les choses se sophistiquent légèrement.

Les trois "catalyseurs de motivation"

Dans le cadre de leur théorie, Deci et Ryan postulent l’existence de trois catalyseurs à notre motivation autodéterminée : la maîtrise (ou compétence), l’autonomie et les relations sociales (ou proximité sociale).

  • La maîtrise est définie comme notre besoin à pouvoir interagir efficacement avec l’environnement en exerçant et développant nos capacités. Celles-ci s’expriment à travers nos actions. On est satisfait de pouvoir les mettre à l’œuvre tout en se sentant suffisamment compétent ou capable face à la tâche qui nous incombe.
  • L’autonomie est définie comme notre besoin d’être à la source de notre propre comportement, de pouvoir nous auto-gérer. Personne n’aime se sentir trop bridé dans son travail. Il nous faut un minimum d’espace d’auto-gestion, de liberté de choix et d'action. Cette autonomie nous fait nous sentir plus responsables et c’est au cœur de la motivation de tout un chacun.
  • Les relations sociales reflêtent notre besoin d’être entourés, connectés. Notre environnement social joue un rôle crucial pour garder le moral et donc notre motivation. Ce besoin de proximité sociale nous conduit à favoriser de bonnes relations, notamment au travail. Nous sommes alors motivés à nous investir plus généreusement et durablement.

Comment tirer parti de tout cela ?

Pour retrouver nos sources premières de motivation autodéterminée, observons nos propres catalyseurs. Quelle place ont-ils dans notre activité, dans notre travail, dans notre vie ? Posons-nous de bonnes questions. Par exemple :

Dans quelle mesure est-ce que je me sens compétent·e pour remplir cette tâche ? Puis-je y exercer pleinement mes capacités et même les développer ?

Dans quelle mesure est-ce que je me sens autonome ? Et en particulier, ma liberté d’action est-elle suffisante par rapport à mon niveau de responsabilité ?

Et enfin, dans quelle mesure mon environnement social m’est-il favorable ? Est-ce que je me sens soutenu·e et épanoui·e avec les autres ?

Les points-clés à retenir

Dès lors, pour retrouver notre pleine motivation, rappelons-nous de ces points-clés :

  • Notre motivation dépend du type d’objectifs que nous nous donnons et du contexte dans lequel ils sont à accomplir. Appuyez-vous notamment sur ces 8 clés pour booster votre motivation.
  • Nos motivations auto-déterminées sont beaucoup plus solides que les autres.
  • Il importe que nos objectifs soient concrets et que nous nous sentions capables d’accomplir ce qui est nécessaire pour les atteindre.
  • Il convient aussi qu’ils fassent appel à la fois à notre autonomie, à nos compétences, et que nous nous sentions, d’une façon ou d’une autre, soutenus dans notre démarche.
  • Enfin, il importe que nos objectifs et nos actions aient du sens pour nous. C'est ce que nous partageons avec vous dans cet article (à ne pas manquer si vous ne l'avez pas encore lu).

Allez hop c’est parti pour l’autodétermination 😉  Et que la force soit avec vous...

Pierre

Photo : Joshua Earle - Unsplash

Ne multipliez pas les efforts, retrouvez vos élans de vie !

Ne multipliez pas les efforts, retrouvez vos élans de vie !

Nous vivons dans une société où règne en maître la recherche de plaisir et de confort. Notre bien-être et notre bonheur semblent en dépendre davantage que de nos efforts. Et s’il s’agissait d’un leurre ? Depuis la nuit des temps, il paraît naturel de vouloir améliorer nos conditions de confort et de travailler pour cela : vivre au chaud, manger agréablement, être bien habillés, se déplacer facilement. Mais notre société nous pousse à en vouloir toujours plus. C’est la base du consumérisme : la création de besoins ou, tout au moins, de désirs pour stimuler la consommation, la production et le commerce. Du coup, on nous propose toujours plus de tentations. Ces incitations au plaisir immédiat génèrent en nous une régulière insatisfaction. Mais cette course à l’assouvissement de nos besoins nous fait perdre notre dynamisme, notre goût de l’effort. Et sa contribution à notre bien-être n'est qu'un piège.

Où sont passés nos désirs profonds, nos élans de vie ?

La question est peut-être là : à force de privilégier l’immédiateté du plaisir, on n’a plus le temps de laisser émerger nos désirs profonds. Tout nous est offert sans la moindre difficulté, disponible, accessible, livré rapide, avec des facilités de paiement… Du coup, nous ne voyons plus clair sur ce qui nous fait du bien. Nous sommes coupés de nos véritables aspirations, de nos élans de vie. Et, profitant de toutes les facilités offertes, nous évitons tout effort, ce qui à terme nous détruit et nous tue.

Êtes-vous branché sur votre conatus ?

  Le “conatus”, concept fondamental de la philosophie de Spinoza désigne « l’effort que fait chaque chose pour persévérer dans son être ». Selon lui, chacun de nous se définit par son appétit de vivre, son “désir” de vivre. Spinoza décrit celui-ci non pas comme une attraction physique ou intellectuelle, mais plutôt comme une propriété inhérente à tout être, comme une pulsion vitale. Le conatus est l’effort que nous déployons pour tendre vers ce que l’on est au plus profond de nous-même. Malheureusement, il nous arrive d’orienter nos efforts et toute notre force d’exister, vers des choses qui ne correspondent pas à notre nature. Lorsque nous choisissons de manière systématique ce qui est facile, parce que nous n'acceptons pas que les choses nous résistent, nous nous débranchons en quelque sorte de notre désir premier, de notre conatus.   De fait, nous sommes dans l’erreur lorsque nous pensons que notre quête insatiable de combler les besoins que la société tente de nous imposer est le propre de notre nature. Spinoza nous invite à comprendre ce qui lui correspond plus précisément, et à y consacrer nos efforts.

Vive la loi du moindre effort !

Le mot « effort » a souvent une mauvaise image. Pour certains, il est même effrayant. Rien qu’à l’entendre, on a envie de s’assoir dans son transat. On anticipe la sueur, une lutte contre soi-même avec, à terme, de la douleur ou un inévitable épuisement. Il y a une sorte de logique perdante. Dans la pratique, nous pensons avoir besoin de recourir à des efforts quand nous sommes déjà à bout ou presque. Pour moi, par exemple, c’est l’injonction de ce prof tortionnaire : “Oh, mais bon sang, fais un effort !” Ça me rappelle mes plus mauvais moments à l’école. La loi du moindre effort semble donc une preuve d’intelligence. Notre cerveau n’est-il pas câblé pour nous éviter les difficultés, la pénibilité, les risques et économiser notre énergie ? Pour privilégier la facilité et la quête de plaisir immédiat ? En effet, c'est comme ça qu'il fonctionne. Et c'est là la source du bug : car notre cerveau n'est pas programmé pour notre bonheur ou notre bien-être, mais pour la survie de notre espèce !

L’effort, déclencheur de l’envie d’apprendre

En fait, nous avons tout à gagner à soutenir nos efforts au-delà de ce que notre cerveau semble nous indiquer. Par exemple, la neuropsychologie nous apprend qu’à l’école, les élèves intègrent de nouvelles connaissances grâce à un conflit cognitif : le fait de ne pas savoir quelque chose me pousse à vouloir le connaître. Ce déséquilibre, ce manque, motive l’effort et nous rend plus aptes à désirer chercher plus loin. Pour apprendre, on a besoin de passer par des moments désagréables. A l’instar de l'autorité, l'effort est utile pour renforcer l'individu dans sa relation à la réalité. En acceptant d’expérimenter ce type de frustration, nous apprenons à renoncer à un plaisir immédiat et à résister à nos automatismes, ce qui nous permet d’obtenir plus ou mieux, à moyen terme. C’est la même chose chez les adultes, si nous ne nous mettons pas volontairement dans des situations où le réel nous résiste un tant soit peu, nous n’apprendrons plus. Si nous acceptons de nous confronter à des situations qui nous sortent de notre confort habituel, nous comprenons mieux ce qui nous importe, ce pour quoi nous avons vraiment envie de nous mobiliser et de nous battre.

L’effort n’est pas une fin en soi

Cela dit, ne vous méprenez pas sur mes intentions. Ce qui m’importe ici n’est pas de vous recommander l’effort en tant que tel, mais de porter votre attention sur ce qui nous incite à l’effort. Ce qui compte, c’est la curiosité, le désir d’en faire un peu plus et de résister à la facilité. La philosophe et ancienne championne de tennis, Isabelle Queval apporte une nuance qu’il importe de souligner : l’effort ne doit pas être compris ici dans une quête de performance. Le culte de la performance nous assomme de toute part, et l’injonction de l’effort se fait entendre encore plus négativement. Il s’agit de comprendre l’effort plutôt en des termes de connaissance de soi, de souci de soi, de développement et d’accomplissement personnel.

Le moyen d’identifier un élan de vie

Pour répondre à notre question de départ, privilégier l’effort à la facilité est un moyen très utile pour identifier ce que nous sommes vraiment puis nous aligner en conséquence. Comme nous y invite Spinoza, c’est le moyen de trouver notre élan vital. L’effort ne sera alors plus une lutte perdue d’avance, mais un élan naturel, vivant, enthousiasmant, un moyen qui nous aidera à faire ce qui nous fait du bien, avec énergie et satisfaction. Une force de vie. Alors, ça vous dirait de faire un petit effort supplémentaire ? Je m’y mets de ce pas !

 

Pierre  😉

Source image : Chris Linnett sur Unsplash

Qu’est-ce que la vie attend de moi ? L’indispensable témoignage de Viktor Frankl

Qu’est-ce que la vie attend de moi ? L’indispensable témoignage de Viktor Frankl

Qu'est-ce que la vie attend de moi ? Quel est le sens de ma vie ? L'indispensable témoignage de Viktor Frankl

Il y a des vies, à côté desquelles on ne peut passer. Symptomatiques de moments déterminants de l’histoire, elles se gravent par l’émergence d’une pensée neuve. La voix de Viktor Frankl fait partie de ces vies incontournables, qu’il importe de faire connaître. Son œuvre est aussi fascinante que poignante. Elle illustre le destin d’un homme qui a su métamorphoser l’horreur vécue en une pensée novatrice, optimiste et altruiste. Viktor Frankl est un survivant d’Auschwitz, devenu grand psychothérapeute. Son œuvre, trop peu traduite en français, représente un apport philosophique éminent. Par sa pensée et sa vie, il nous donne envie de croire en l’avenir, indépendamment des conditions dramatiques (ou non d’ailleurs) qui peuvent nous accabler.

Celui qui a une raison de vivre, supporte presque n’importe quoi. - Nietzsche

Viktor Frankl a survécu à quatre camps de concentration. À sa libération en 1945, il apprend avec effroi que que ses parents, son jeune frère et sa femme ont tous disparus lors des déportations. On ne peut que s’interroger : comment ne pas sombrer dans la dépression ? Comment ne pas succomber à la souffrance, au découragement, à la décrépitude ? Comment vivre - tout simplement - après cela?

Pour survivre, il faut cultiver une raison de vivre

Le philosophe nous répond à travers toute son œuvre largement consacrée au "sens" : pour survivre, il faut cultiver une raison de vivre. Un être humain peut endurer beaucoup de choses si ce qu’il fait ou ce qu’il cherche à accomplir dans l’avenir est sous-tendu par un sens - par une direction et une signification. Après sa libération, neuf jours lui suffisent pour rédiger l’une des pièces maîtresses de l’histoire de la psychothérapie - pourtant encore assez méconnue : la LOGOTHÉRAPIE (du grec logos, sens). Son approche - devenue fameuse - aura également provoqué les conditions de sa propre résilience. Dans “Découvrir un sens à sa vie”, Viktor Frankl décrit les conditions extrêmes que les camps imposent à l’homme : il y perd tout, à commencer par son identité ; il y vit les plus hautes souffrances, les plus hautes frustrations, les plus hautes formes d’humiliation.

Comment trouver ses propres réponses dans des conditions extrêmes ?

Son ambition : tenter d’apporter une forme de lumière à cette incompréhensible souffrance, car la vie des camps imposait de se questionner face à celle-ci et de trouver ses propres réponses. Il écrit: “Il fallait que nous changions du tout au tout notre attitude à l’égard de la vie. Il fallait que nous apprenions par nous-mêmes et, de plus, il fallait que nous montrions à ceux qui étaient en proie au désespoir que l’important n’était pas ce que nous attendions de la vie, mais ce que la vie attendait de nous. Au lieu de se demander si la vie avait un sens, il fallait s’imaginer que c’était la vie qui nous questionnait, journellement, et à toute heure.”

Celui qui à un “pourquoi” peut vivre avec n’importe quel “comment”.

Frankl était persuadé que l’homme est capable de transcender les pires atrocités, de s’élever au dessus de son sort. Ce qui l’a fait lui-même tenir face à l’incompréhension et l'innommable de la guerre, c’est d’imaginer pouvoir écrire encore, élaborer sa théorie dans ses manuscrits, aller jusqu’au bout de la formulation de sa théorie. Le sens de sa vie résidait là, dans l’accomplissement de ce qu’il avait commencé auparavant.

L’être humain ne vit pas de sécurité matérielle.

La logothérapie se construit sur le postulat que l’homme est à la recherche du sens de son existence. Celui qui a perdu ce sens, ou qui ne l’a pas encore trouvé, peut être aux prises avec ce que Frankl appelle “le vide existentiel”. Un vide qui peut mener à des formes de névrose et de dépression ou, dans une moindre mesure, d’anxiété, de lassitude et d’abattement. Un homme peut réunir toutes les conditions matérielles possibles et malgré tout se sentir inutile, vide. De même, celui qui ne fait rien, ne possède rien, n’a ni travail ni passion ni ambition, ou qui n’agit pas en adéquation avec ses aspirations, peut ressentir ce vide, ce manque de “pour quoi “. Êtres humains, nous nous nourrissons de sens ; nous en avons profondément besoin. La logothérapie nous invite à le découvrir. Alors, nous pouvons tirer parti de toute situation, aussi dramatique soit-elle.

Une invitation à prendre en main notre liberté et notre responsabilité

Si Frankl apporte des éclairages sur des façons d’inscrire du sens à nos vies, il ne prétend pas donner de réponse à la question “quel est le sens de l’existence”. Il nous invite simplement à prendre en main notre liberté et notre responsabilité (notre pouvoir d’action) pour découvrir par nous-même un sens à ce que nous faisons. Et il nous propose trois voies trois façons, trois modalités selon lesquelles nous pouvons progresser pour découvrir un sens à notre vie :

  • La première correspond à ce que nous donnons au monde en termes de création ;
  • La deuxième, désigne ce que nous prenons du monde en termes de rencontres et d’expériences ;
  • La troisième est l’attitude que nous adoptons en face d’une situation difficile, au cas où nous devons affronter un destin que nous ne pouvons changer.

Une grande claque et un grand frisson !

Après avoir découvert la vie et l’œuvre de cet illustre psychothérapeute et philosophe, mon cerveau s’est mis en ébullition. Ça a été comme une grande claque et un grand frisson.

Quel sens a ma vie ?

Dans quoi est-ce que je me sens engagé ? Qu’est-ce qui pourrait à ce point capter mon attention et me mobiliser pour que j’arrive au bout de mes ambitions ?

Est-ce que je m’accomplis à travers une œuvre, un engagement ? Est-ce plutôt quelque chose ou quelqu’un qui me donnerait envie d’aller au bout de ce que j’entreprends ?

Même si nous pouvons être détournés par différentes pressions, parce que le contexte dans lequel nous vivons est compliqué ou chaotique, ou parce que nous sommes soumis à des conditions sociales complexes, la philosophie à laquelle nous ouvre Frankl est éminemment optimiste. C’est une grande fenêtre, ouverte sur l’avenir, qui nous exhorte à nous interroger sur ce que nous sommes prêts à injecter comme sens dans nos vies.

Qu’est-ce qu’il m’importe de défendre ou de faire progresser pour un avenir auquel j’appartiens forcément ?

Et vous ? Qu’en pensez-vous ?

Quand vous aurez la réponse, voici quelques conseils sérieux (basés sur des recherches) pour vous aider à rester motivé dans la durée.

FRANKL, Viktor, Découvrir un sens à sa vie avec la logothérapie, Éditions de l’Homme, 2013.

Source image : Cahiers libres

Que la force soit avec toi !

Que la force soit avec toi !

Comment trouver la force en soi ?

La vulnérabilité : je ne sais pas vous, mais moi ce mot il m’a longtemps agacé, connotant quelque de chose de négatif , un truc maladif, pesant, qui retentit du fond des abysses. Bon d'accord, je m’emballe un peu mais je pense surtout que c’est parce qu’il me rappelle de mauvais souvenirs. Quelque chose de lointain, pas vraiment enterré, qui ressurgit parfois à un repas de Noël en famille.

Oui j’étais « l’enfant fragile », l’enfant sensible, j’étais en somme très vulnérable. Et cette étiquette, j’ai appris à m’en défaire, ou plutôt je me suis attelée à bien l’enfouir.

Au fur et à mesure des années j'ai construit  un tas d'astuces pour ne plus me montrer « faible ».  Murée derrière une façade bien étudiée, je me suis crue inatteignable. Des zones de protection, bien confortables certes, mais qui m'ont souvent empêché d'avancer.

Aujourd’hui je commence à entrevoir les choses autrement : ma vulnérabilité est le signe d’autre chose que de la faiblesse.  Elle est aussi l’expression d’une grande sensibilité.  Lorsque j’étais enfant, ma mère  me disait toujours, et ces mots résonnent aujourd’hui bien différemment dans mon esprit:

« Ce sont les gens les plus sensibles qui font les plus belles choses, ta sensibilité c’est ta force, c’est ce qui te permet d’être ouverte sur le monde et sur les autres. Ne déteste pas cette partie de toi ».

En voulant réfréner ma vulnérabilité, je me ferme, et donc je ferme des portes. Mais combien de fois n’ai-je pas regretté de ne pas avoir fait des choses, sous prétexte de trop m’exposer? L’humeur à présent est bien inverse: les portes, je veux les ouvrir et ce, en faisant de ma vulnérabilité une alliée.

Victoria

Vous l’ignorez peut-être mais votre vulnérabilité peut être votre plus grande force. Cela va vous sembler étrange, voire contre-intuitif d’associer force et vulnérabilité, deux termes qui d’habitude s’opposent. Et oui, dans notre esprit, ce qui alimente notre force c’est d’être tout sauf vulnérable. Le self-control, la performance, la compétitivité, sont autant de terrains où la vulnérabilité n’a pas sa place.

Nous pensons ne pas avoir droit à l’erreur.

Dans notre vie sociale en effet, nous sommes constamment sollicités par des hauts standards de vie ; on nous vend un idéal de perfection qui exclut toute forme de faiblesse. Nous pensons alors que nous ne nous suffisons pas tel·le que nous sommes, avec nos défauts, nos fragilités, nos peurs. Conséquence: montrer une once de vulnérabilité viendrait à rompre notre équilibre social.

De quoi avons-nous réellement peur quand on se sent vulnérable ?

Notre première peur est probablement celle du regard et du jugement des autres. Dès lors, la vulnérabilité est associée à quelque chose d'embarrassant,  à ce qui peut causer un rejet par les autres.  Et dans les parties archaïques de notre cerveau, ce risque est mortel. Vulnérabilité = Grand danger ! « Les autres ne peuvent pas voir qui je suis vraiment » « Être vulnérable c’est se mettre à nu » « Être vulnérable c’est enlever les masques » Brené Brown, une chercheuse américaine, a beaucoup exploré la vulnérabilité. Elle met en lumière cet étonnant paradoxe : alors qu’on déteste montrer notre vulnérabilité, ce qu’on apprécie le plus chez les autres, c’est qu’ils dévoilent la leur.

  • “C’est impressionnant de voir quelqu’un élever la voix et s’engager, quand tout le monde se tait.”
  • “C’est rassurant de voir quelqu’un dévoiler ses peurs quand toi-même tu les dissimules.”

A ce paradoxe, on peut ajouter que l’effet inverse est également possible : ce qu’on ne s’autorise pas pour soi, on l’accepte encore moins pour les autres. Il arrive qu’étant tellement dur·e avec nous-mêmes, on en vienne à dénigrer la vulnérabilité des autres.

La vulnérabilité participe de l’empathie.

La vulnérabilité lie les humains entre eux, elle est au fondement même de la reconnaissance qui peut exister entre deux êtres. Pourquoi vouloir l’annuler ou la cacher ? En la masquant, nous nous déshumanisons. Accueillons plutôt cette vulnérabilité avec douceur, en confiance, et sans appréhension. En allié·e et pas en ennemi·e 😉 Un peu de bienveillance envers soi-même !  Je ne le répèterai jamais assez...

Et concrètement ?  Comment on fait, Pierre ?

Caroline aimerait participer à un stage de déclamation.  Pour y accéder, il y a un concours. Elle doit déclamer un texte devant un jury.  Seule consigne : l’avoir écrit elle-même, seule. En dehors de cela, elle peut faire ce qu’elle veut. La pression est très forte, parce qu’elle veut faire ce stage prestigieux, qui lui ouvrira la porte vers un univers qu’elle convoite depuis des années. Elle a préparé son texte, mais se rend compte qu’il est très personnel, peut-être trop : elle parle d’un chagrin  d’amour. Son ami lui dit pourtant qu’il est magnifique, touchant, et vrai.  Avant le jour-J, Caroline commence à ressentir un stress effroyable et veut tout abandonner : elle trouve son texte trop personnel. « J’ai l’impression de trop me dévoiler, ils vont me trouver ridicule. »
Comment réagir ?

  • Si Caroline met sa vulnérabilité sous protection et abandonne, elle se ferme une porte qui lui tenait tant à cœur. Elle reste coincée dans sa zone de confort, et dans ses frustrations.
  • Si elle choisit la voie du courage et se lance avec toute sa vulnérabilité, elle a tant à gagner. Elle ne peut pas savoir comment son texte sera accueilli. Mais ce qui est clair, c’est que, sans se lancer, elle n’a aucune chance de s’améliorer. Son champ de possibilité ne s’ouvre que si elle fait de sa vulnérabilité une alliée.

Oser se révéler dans notre authenticité

Rémy veut quitter son boulot qui l’ennuie fortement. Il travaille pour la même entreprise depuis 7 ans, alors que son rêve est de voyager et de travailler dans l’humanitaire.  Il ressent ce besoin urgent d’être proche des autres et d’apporter sa petite pierre pour que le monde tourne un peu plus rond. Il sent qu’il a besoin de s’engager d’une façon ou l’autre.  Sa copine est dans une toute autre optique. Elle veut s’installer, avoir des enfants…Il n’ose pas lui parler. Il a peur de son jugement, peur qu’elle le trouve grotesque avec ses rêves de sauveur de l’humanité. Il se souvient l’avoir entendue, lors d’une soirée, rigoler d’une amie qui disait vouloir faire de l’humanitaire. Il l’avait trouvée très snob mais n’avait rien dit. Rémy se sent démuni pendant longtemps il ne lui en parle pas, il se sent vulnérable par rapport à ses jugements, il n’ose pas lui avouer ce dont il rêve vraiment. Jusqu’au jour où, prenant son courage à bout de bras, il finit par tout lui raconter. À son grand étonnement, sa compagne accueille son projet avec un réel respect, et ils finissent par se dire qu’ils vont partir ensemble, qu’elle aussi se sent en perte de sens dans ce qu’elle fait.  Elle ajoute qu’elle aimerait quand même qu’ils trouvent un projet commun concret à construire pour ne pas être dans l’idéalisme pur.

Apprendre à apprivoiser nos pensées

Même si les choses sont souvent plus complexes que dans ces témoignages, il est bon d'apprivoiser nos pensées pour réinventer notre quotidien.

  1. Pensons à notre vulnérabilité en des termes qui peuvent nous aider à avancer : "oui les erreurs et la critique existent, mais je vais braver ce qui me semble insurmontable".
  2. Arrêtons les excès de l'auto-critique.
  3. Interrogeons-nous : "qu'est-ce qui me fait peur dans cette situation?" "Pourquoi je me sens embarrassé·e ou gêné·e" ? Assouplissons nos pensées avec le yoga mental...
  4. Demandons-nous : "sur quoi puis-je effectivement agir ? Qu'est- ce qui dépend réellement de moi et qu'est-ce qui ne dépend pas de moi ?"
  5. Essayons de nous défaire de l'a priori (souvent négatif) que nous nous faisons du jugement et du regard des autres. Travaillons sur les choses positives. Les jugements nous déservent...
  6. Osons le pas de l'incertain, en nous appuyant sur une motivation reboostée.

Tu peux être invincible, si tu ne t’engages dans aucune lutte où il ne dépend pas de toi d’être vainqueur.  Épictète

 

Photo : Miguel Bruna / Unsplash

Pourquoi cultiver un optimisme actif ? Philippe Gabilliet témoigne

Pourquoi cultiver un optimisme actif ? Philippe Gabilliet témoigne

Pourquoi cultiver un optimisme actif ?

Philippe Gabilliet est professeur de Psychologie et de Management à ESCP Europe, auteur, conférencier brillant et coach de dirigeants. Il répond à mes questions et insiste ici, avec beaucoup de conviction, sur l'importance d'oser passer à l'action.

Qu'appelle-t-on optimisme actif ?

L'optimisme actif, selon Philippe, comme son ami Christophe André qu'il cite et moi-même, consiste à la fois à avoir l'espérance que les choses évolueront de manière positives, et à entreprendre avec courage les actions nécessaires. Être optimiste sans passer à l'action n'est que stupidité ou paresse. Passer à l'action, sans l'espérance d'obtenir un résultat positif, c'est se priver de chances de succès.

Passionnant !

Merci Philippe, pour ta passion et ta pédagogie pour l'optimisme acctif 😉