“Sans autocritique, je ne progresserais plus”. 

Beaucoup d’entres-nous sont animés par cette croyance. Nous avons  intériorisé l’idée que, pour aller loin dans la vie, il nous faut être durs envers nous-mêmes. Nous nous accordons très peu d’indulgence alors que nous sommes capables d’en faire largement usage pour les autres. Cependant, notre soif de perfection et de performance nous impose des conduites souvent néfastes pour notre santé physique ou psychique. Ce n’est jamais “assez”. Elle alimente aussi l’auto-critique qui peut nous mener à des pensées et des comportements dépressifs et anxieux. Pourtant, paradoxalement, nous continuons à penser qu’elle est indispensable à notre développement. Véritable cercle vicieux, donc !

Que nous apporte réellement l’autocritique ? Et comment déjouer ses nuisances potentielles ?

Qu’est-ce que l’autocritique ?

Sur le papier, l’autocritique, c’est plutôt sain. Wikipedia nous apprend que : “le terme de critique provient du grec kritikē (κριτική), signifiant « (l'art de) discerner ». Avoir un rapport critique à soi-même, c'est être capable de discerner et de reconnaître ses propres limites. L'autocritique permet de savoir que l'on fait et que l'on peut faire des erreurs, mais que l'on est toujours, en tant que sujet, perfectible.” Rien à ajouter. L’autocritique nous aide à être lucides sur les limites de notre condition d’humain, ce qui favorise en nous l’humilité, l’ouverture aux autres, la lucidité propice à la remise en question et à l’apprentissage. 

Hélas, souvent l’autocritique se transforme en pensées punitives et autres ruminations, du genre : “je ne vaux rien”, “je suis nul·le”, “je n’y arriverai jamais”, “je ne suis pas assez bien”. Ces croyances néfastes sont parfois si ancrées en nous qu’elles se figent en schémas récurrents. Devenues automatiques, elles influencent notre façon d’agir dans le monde et notre vision de celui-ci. Elles s’accompagnent généralement aussi d’émotions douloureuses comme la culpabilité, l’anxiété , le mépris de soi-même, voire le dégoût parfois. 

Ça vous arrive à vous aussi, ces monologues intérieurs, ces ruminations mentales pénibles qui teintent notre quotidien de couleurs bien ternes ?

Autocritique : deux fonctions différentes

Comme nous l’avons vu, nombreux sont ceux qui pensent que l'autocritique est formatrice, que nous en avons besoin pour apprendre et progresser. Les psychothérapeutes (Powers et Zuroff) ont montré que l’autocritique peut avoir deux fonctions assez opposées et c’est ce qui nous induit généralement en erreur. En effet, nous verrons que la ligne entre les deux est ténue.

L'autocritique ressource : “la critique est bonne si elle est constructive”

Oui certes, s’observer, se connaître, se comparer et évaluer ses compétences peut favoriser nos progrès. L’autocritique peut d’une certaine manière nous aider à dépasser nos erreurs et donc d’en tirer des leçons. L’autocritique dans ce cas-là nous permet d’avancer et de construire une juste évaluation de nous-mêmes. Mais sommes-nous de si bons juges envers nous-mêmes ? Dans quelle mesure parvenons-nous à être objectifs ? Les risques de dérapage sont nombreux, car l’autocritique est aussi liée à l’estime de soi. Or, s’évaluer à sa juste valeur est compliqué.

L’image que l’on se fait de soi est souvent tronquée ou déformée, à l’instar de ces personnes ultraminces, persuadées d’être obèses. Nous nous connaissons en réalité assez mal et avons tendance à nous apposer des images qui ne reflètent pas ce que nous sommes.

L'autocritique devenue néfaste 

Dès lors, l’autocritique, au lieu d’être constructive ou ressource d’adaptation, revêt une fonction plus nocive. Plutôt que de favoriser un dialogue équilibré avec nous-mêmes, et de prendre en considération ces critiques, dans une juste analyse de nos actions, nous nous accablons. Nous retournons les critiques contre notre personne et sombrons dans la dépréciation : ce n’est pas mon rapport ou mon plat qui est mauvais, c’est moi qui suis “nulle” ou “un bon à rien”. Ces autocritiques ‘néfastes’ nous empêchent de voir le moindre aspect positif. Elles érodent l’estime de soi. Nous n’entendons plus que cette voix interne qui alimente constamment une vision de soi négative. Et cela risque de nous entraîner dans de bien sombres comportements.

Des études montrent que, chez certaines personnes, l’autocritique peut devenir si intense qu’elles en viennent à souffrir de troubles alimentaires, de dépression ou même d’automutilation, en particulier chez les jeunes filles.

Quels sont les risques ?

Inquiets à l’idée de lâcher cette autocritique car nous ne progresserions plus, nous la laissons se retourner “contre nous” et subissons sa toxicité. Au lieu de nous soutenir, elle nous freine et nous sabote en s’attaquant à notre personne. Dès lors, nous serons terrassés rien qu’à l’idée de parler en public ou en réunion. Nous n’essayerons même pas de pratiquer un nouveau sport ou un instrument de musique. Le rêve de gravir une montagne restera… un rêve. Et ces habitudes qui nous énervent et nous nuisent ne changeront pas. De fait, quand notre petite voix critique interne a pris le pas sur toute notre vie, nous partons a priori perdants. Alors, à quoi bon essayer...

Deux démarches pour sortir du cercle infernal de l’autocritique néfaste  

  1. Commençons par changer nos lunettes ! Pour aborder ces phrases négatives avec une autre perspective. Cela nous aider à les canaliser, à prendre un recul suffisant facilitant une prise de conscience de leur présence et de leurs effets néfastes. C’est comme faire un “travelling arrière”, mais dans notre tête : la caméra recul pour nous montrer un plan plus large dans lequel le critique ne prend plus tout l’écran. Parmi les idées simples à mettre en oeuvre pour donner corps à cette démarche, j’aime bien aussi celle qui consiste à tirer le portrait de mon autocritique, pour pouvoir le mettre à distance de moi et entamer avec lui un dialogue constructif.

  2. Nous pouvons alors nous entraîner à accueillir nos autocritiques avec un regard amical, curieux, ouvert, mais pas dupe. Surtout, ne pas nous critiquer de nous autocritiquer - ce qui ne serait qu’une manière de plus de nous critiquer ! Poser des questions avec une vraie curiosité, sans jugement. Qui es-tu, cher critique? Que me veux-tu ? Pourquoi agis-tu comme tu le fais ? Apprendre à cultiver cette introspection en toute bienveillance est au coeur de ma démarche et de mes formations.

Accueillis avec une tendresse naturelle, la honte ou le mépris que nous ressentions envers nous-mêmes fondent et laissent progressivement la place à une paix intérieure, une envie de progresser, une joie vivifiante. Bien sûr, ce changement ne se fait pas du jour au lendemain. Il requiert de l’attention, de la persévérance, du courage... Nous avons besoin de cultiver une vigilance de tous les instants pour repérer au plus tôt nos pensées critiques. Au fil du temps, cela devient un réflexe, une nouvelle nature qui nous transforme. Cela crée en nous une sécurité psychologique, une source grandissante de bienveillance que nous partageons alors généreusement avec les autres.   

Je ne sais pas vous, mais moi, au sortir d'une passe un peu morne, je vais m’y atteler et adopter une autre perspective pour que mon autocritique devienne bienveillante et constructive 😉

Pierre

Téléchargez ce cahier de 3 exercices pour vaincre l'auto-sabotage et recevez "En toute bienveillance"

 

Chaque mois, gratuitement, par email :

- Invitations à des rencontres de personnalités et conférences pour améliorer votre vie

- Conseils et ressources pour vivre votre Ikigai

- Des démarches concrètes pour vaincre vos difficultés

- Mon actualité (conférences, webinaires, formations, ateliers, publications, articles de presse…) 

Et à l'inscription : votre cahier avec 3 exercices et un texte à méditer

 

Votre inscription est confirmée