« Quand j’ai raison, l’autre a tort. C’est évident. Quel idiot de ne pas comprendre son erreur. C’est bien sûr mon équipe, candidat, parti, camp, pays, ma famille, religion, race… (faites votre choix) qui a raison. La seule solution efficace, c’est la mienne. D’ailleurs, quoi qu’il dise, l’autre a tort. Je ne l’écoute même plus. Et pour conforter le fait que j’ai raison, je trouve de plus en plus de raison de critiquer sa personne, afin de décrédibiliser ses opinions et de justifier mon droit à ne pas leur accorder la moindre attention. La politique vient de nous montrer ça : Mélenchon est un trotskiste ; Macron, un vendu aux banquiers ; Fillon, un filou…

Quel idiot, salaud, menteur...

Avec le temps, la disqualification se renforce. On parle d'un nouveau Staline, d'un exploiteur des travailleurs, d'un pourri… Et j’accumule les bonnes raisons de penser cela. Dans la foulée, j’élimine de la liste de mes amis Facebook ceux qui sont en désaccord avec moi. Pas envie de voir leurs prises de position ridicules. Dès que j’essaie de leur montrer qu’ils ont tort, ils me critiquent. Qu’ils aillent se faire voir. Comme ça, c’est mieux : je ne vois plus que les avis de ceux qui pensent comme moi. »

Le souci de ce réflexe humain, c’est que, en critiquant l’autre, en refusant d’explorer ses opinions, on se coupe d’une part de nous-même. « L’intolérance porte en elle une part de sottise et perpétue l’ignorance. Elle prive l’intolérant d’une part de vérité en effaçant l’autre point de vue avant même de l’avoir examiné, ou simplement considéré. » (Jean-Claude Guillebaud[1]). Cela m’arrive parfois. Et vous, ça vous arrive aussi ?

Pourquoi réagissons-nous comme cela ?

Pourquoi m’arrive-t-il encore de réagir comme ça alors que je sais, par mes formations, mes apprentissages et mes pratiques, que la vraie richesse des idées vient de leur métissage, des enrichissements mutuels générés par la confrontation bienveillante des points de vue. Etymologiquement, confronter c’est faire front ensemble.

Consultant en intelligence collective pour des questions sociétales, ou des organisations, je connais les principaux leviers de celle-ci : inclusion de toutes les voix ; écoute active et ouverte des opinions de chacun ; reconnaissance de l’importance d’agréger toutes les connaissances et intérêt de valoriser l’expertise de chacun ; exploration en toute curiosité des points de vue ; partage bienveillant des émotions que génèrent les idées ; recherche de ce qui nous unit et de ce qui nous différencie… Cela nous permet de rechercher des « troisièmes voies », celles qui nous permettent de transcender les opinions individuelles ou partisanes pour se mettre ensemble au service d’une vision commune.

Pourquoi est-ce si difficile d’accueillir les opinions opposées aux miennes ? Pourtant, les impacts positifs de ce type de démarche ont été démontrés y compris dans les entreprises les plus performantes. Alors, pourquoi sont-elles rejetées ou traitées de « truc de bisounours » ?

Ce que nous apprend « La Part de l’autre »

« La Part de l’autre », formidable roman d’Eric-Emmanuel Schmidt[2], nous donne une clé de cette énigme en comparant deux histoires d’Adolf Hitler. La première, nous la connaissons : le jeune A. Hitler est recalé au concours d’entrée de l'Ecole des beaux-arts de Vienne. Il devient la personne que nous savons, avec le destin tragique qu’il a entrainé. Dans la seconde histoire, Adolf H. réussit son examen. Sa vie s’en retrouve totalement modifiée et, avec elle, le cours de l'histoire. Sans dévoiler la trame du roman, la différence principale entre les deux versions de ce même individu, c’est l’ouverture à l’autre, à ses différences, à ses opinions, à ses critiques, à ses qualités et ses défauts… Si Adolf H. écoute les autres, A. Hitler ne prend en compte que son avis et ceux des personnes qui le partagent. Il fait éliminer tous ceux qui pensent autrement. Ce roman est puissant car il nous met face à cette question existentielle : quelle version de nous-même souhaitons offrir au monde ? Qui souhaitons-nous devenir ? Celui qui accepte sa propre imperfection et s’ouvre à l’autre ? Ou celui « qui sait », se considère mieux que les autres et n’écoute que sa propre opinion ?

L'autre, c'est moi

Dans certaines démarches de développement personnel ou en thérapie, nous prenons conscience de ce qu'illustre l'image ci-dessus : lorsque nous dénonçons le défaut d’une personne, un doigt est orienté vers celle-ci, mais trois doigts nous désignent. De fait, ce que nous critiquons chez l’autre réside en nous, mais nous nous refusons à le reconnaître car cela mettrait à mal l’image la plus parfaite possible que nous souhaitons avoir et donner de nous-même. En reconnaissant nos faiblesses, nos défauts, nos imperfections, en acceptant que ceux-ci sont inhérents à notre condition d’homo sapiens sapiens, nous révélons notre humanité commune.

Cela nous est bénéfique à plusieurs titres :

  • En reconnaissant mes lacunes, mes défauts ou faiblesses, je suis en meilleure condition pour y pallier.
  • Lorsque j’accepte de montrer cette vulnérabilité aux autres, cela favorise la profondeur des liens que nous nouons, en particulier lorsque les autres sont différents de moi et, paradoxalement, cela me rend beaucoup plus fort, plus courageux, plus résilient.
  • Enfin, l’acceptation de mon imperfection me permet d’entrevoir que ce n’est pas parce que j’ai raison que l’autre a tort. Son opinion a autant de valeur que la mienne. L’important n’est pas de savoir qui a la meilleure solution, mais comment trouver ensemble la meilleure solution. L’enjeu réel n’est d’ailleurs pas la solution elle-même, mais sa mise en œuvre. Et si l’autre n’adhère pas à celle-ci, il n’y contribuera pas. Et donc ça ne marchera pas.

Oser avancer vers soi pour avancer vers l'autre...

Dans le contexte d’une France qui souffre, qui râle, se divise, s’oppose ou se décourage, il me semble indispensable que chacun de nous fasse une partie du chemin vers cette partie plus obscure et cachée de lui-même, afin de pouvoir aussi avancer vers l’autre et collaborer constructivement avec lui pour que le monde avance dans une meilleure direction.

Il est temps d’oser pratiquer, en toute lucidité et sans niaiserie, la bienveillance, l’ouverture à l’autre et la créativité collective. Ce sont autant d’ingrédients d’une vie épanouissante, pleine de sens, de satisfactions et d’enthousiasme.

Si le sujet vous intéresse, découvrez quelques clés pour le faire en téléchargeant le manifeste de l'amitié avec soi-même offert au bas de cette page de mon site.

Et échangeons nos opinions à ce sujet. Je lirai avec plaisir vos commentaires ci-dessous.

A bientôt...

[1] Jean-Claude Guillebaud – Je n’ai plus peur – Editions L’Iconoclaste, 2014

[2] Eric-Emmanuel Schmidt – La Part de l’autre – Editions Albin Michel, 2005

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