Pourquoi cette réaction excessive ?

Pourquoi cette réaction excessive ?

Pourquoi cette réaction excessive ?

La remarque ne m'était pas destinée, enfin... pas directement....

Oui, mais voilà : je me suis senti visé, mis en cause, critiqué, humilié... injustement !

Dans de tels cas, on se défend comme on peut.

Parfois, c'est la grosse contre-attaque : on se fâche, on critique l'autre. Non, mais... pour qui il/elle se prend ? C'est la salve de reproches. On lui balance tous ses défauts, ses erreurs, ses faiblesses, ses manques, même les plus anciens. On cherche à toucher là où ça fait le plus mal. Pas par cruauté, mais pour se protéger.

Ou alors, c'est le repli sur soi, la tristesse, l'abattement, le découragement. On rumine nos "erreurs". J'aurais pas dû faire / dire ça, c'est évident. La honte et la culpabilité nous envahissent et poursuivent leur oeuvre destructrice.

Pourquoi réagit-on parfois si fort aux remarques qu'on nous adresse de manière explicite ou à celles que nous croyons percevoir, alors que nous restons insensibles à d'autres ? Tout dépend des croyances que nous avons à propos de nous-même. Démonstration...

Nos croyances nous influencent

Si je vous dis que je vous trouve moche avec vos cheveux verts, alors qu'ils sont d'un roux flamboyant, vous me regarderez avec étonnement, un sourire perplexe aux lèvres. L'opinion que je porte sur vous ne vous atteint pas, car vous savez pertinemment que vos cheveux ne sont pas verts.

Mais si je prétends que vous avez un regard stupide, vous allez peut-être commencer à vous sentir visé·e, à douter, à ressentir une gêne, de la honte ou de la colère... Pourquoi, dans ce cas-ci, êtes-vous plus sensible à mon affirmation ? Prenez un instant pour vous poser la question, avant de poursuivre la lecture de cet article.

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Avez-vous trouvé une piste intéressante ?

Lorsque je pose la question à des personnes que j'accompagne en coaching ou en atelier, elles prennent conscience des doutes qu'elles ont à propos d'elles-mêmes. Elles sont touchées par la remarque, parce que celle-ci entre en résonance avec ce qu'elles pensent elles-mêmes, sans se l'avouer.

Au fond d'elles réside la croyance qu'elles sont stupides ou, tout au moins, peu intelligentes. Et elles font tout ce qu'elles peuvent, souvent depuis de très longues années, pour éviter que cela se voie, redoutant à chaque instant, que leur imposture soit démasquée.

Il suffit d'une remarque, même déplacée ou injustifiée

Il suffit d'une remarque, même déplacée ou injustifiée, pour éveiller leur terreur que leur stupidité soit révélée au monde entier. Face à ce risque, il leur faut à tout prix sauver les apparences. C'est le branle-bas de combat ! Tout le monde sur le pont. "Je ne suis pas stupide ; c'est toi qui l'es !". Le conflit s'enflamme, la relation s'envenime.

Les jugements négatifs que l'on porte sur soi nous causent des préjudices terribles. Ils capturent notre attention et la détournent pour la mettre au service d'une protection permanente de notre image sociale. Vigilance maximale ! Difficile, dans de telles conditions de s'affirmer avec force et sérénité, d'être pleinement soi et en relation avec les autres.

Stoppons ce mécanisme destructeur !

Il est temps de mettre fin à nos autocritiques destructrices et de les remplacer par une auto-bienveillance soutenante. La démarche n'est pas habituelle, mais les bénéfices sont importants. J'oserais même dire essentiels.

Pour en savoir plus sur les approches qui vous aident à avancer en ce sens, comme le nouveau yoga mental, suivez mes conférences, et mes articles. Vous y trouverez des ressources précieuses.

A votre disposition pour en parler.

Bonne route !

Pierre

Photo Brooke Lark / Unsplash

 

Précieux moment où on devient honnête avec soi, dans une complète acceptation de soi. Car on se raconte trop d’histoires !

Précieux moment où on devient honnête avec soi, dans une complète acceptation de soi. Car on se raconte trop d’histoires !

Dans un article nommé "Le moment Harajuku",  un homme, Chad Fowler, raconte ce moment décisif de sa vie, où il a pris conscience des mensonges qu'il se racontait à lui-même, cet instant précis où il a accepté d'être honnête avec lui-même. Voici une traduction des premiers paragraphes de son article.

"Il y a quelques années, assis dans la chaleur de juillet sur un mur du quartier de Harajuku à Tokyo, je suis arrivé à une conclusion: j'étais devenu un "loser" [un perdant]. En tout cas, au moins partiellement. J'étais gros et malheureux. Ma peau était grise. Je me suicidais à petit feu. J'étais obèse. Je me racontais un tas d'excuses à moi-même et aux autres. J’utilisais mes succès dans d’autres domaines comme justification: je n’étais simplement pas un type au mieux de sa forme. C'était des conneries. Ces jours-ci, je ne suis toujours pas un athlète d’élite, mais j’ai inversé la tendance. J’ai perdu plus de 40 kilos. Alors que je n’étais pas capable de courir plus de 45 secondes, je parcours maintenant un demi-marathon, et j’ai réduit mon tour de taille de 25 cm. Avant, j'étais "incomplet". Je me suis autorisé à croire en une image partielle de moi-même. Maintenant, je suis bien davantage proche du vrai moi. Je reste un gars intelligent et créatif. Mais je peux aussi faire plus de pompes que la majorité des américains et courir plus longtemps et plus vite que la plupart des hommes de mon âge. Et je me sens bien. Je me sens sensiblement mieux presque tout le temps."

Le "moment Harajuku" conté par Fowler est celui de l'acceptation complète (et non partielle) de la personne que nous sommes vraiment, tel que nous sommes, et pas mieux que nous sommes. Tout d'un coup, cela devient une évidence. Bien sûr, c'est confrontant, "c'est le bordel, comme dirait Alexandre Jollien, mais c'est pas un problème". Grâce à cette acceptation radicale, nous sortons du déni et nous mettons en bonne condition pour faire face aux défis que révèle ce constat enfin honnête à propos de nous. Si le sujet du déni et d'autres formes d'auto-sabotage vous intéresse, laissez-nous vos coordonnées en vous inscrivant à notre newsletter. Nous organiserons prochainement une nouvelle conférence à ce sujet.

Pierre

Source : Chad Fowler - Le moment Harajuku 

Pour ou contre l’autocritique ?

Pour ou contre l’autocritique ?

“Sans autocritique, je ne progresserais plus”. 

Beaucoup d’entres-nous sont animés par cette croyance. Nous avons  intériorisé l’idée que, pour aller loin dans la vie, il nous faut être durs envers nous-mêmes. Nous nous accordons très peu d’indulgence alors que nous sommes capables d’en faire largement usage pour les autres. Cependant, notre soif de perfection et de performance nous impose des conduites souvent néfastes pour notre santé physique ou psychique. Ce n’est jamais “assez”. Elle alimente aussi l’auto-critique qui peut nous mener à des pensées et des comportements dépressifs et anxieux. Pourtant, paradoxalement, nous continuons à penser qu’elle est indispensable à notre développement. Véritable cercle vicieux, donc !

Que nous apporte réellement l’autocritique ? Et comment déjouer ses nuisances potentielles ?

Qu’est-ce que l’autocritique ?

Sur le papier, l’autocritique, c’est plutôt sain. Wikipedia nous apprend que : “le terme de critique provient du grec kritikē (κριτική), signifiant « (l'art de) discerner ». Avoir un rapport critique à soi-même, c'est être capable de discerner et de reconnaître ses propres limites. L'autocritique permet de savoir que l'on fait et que l'on peut faire des erreurs, mais que l'on est toujours, en tant que sujet, perfectible.” Rien à ajouter. L’autocritique nous aide à être lucides sur les limites de notre condition d’humain, ce qui favorise en nous l’humilité, l’ouverture aux autres, la lucidité propice à la remise en question et à l’apprentissage. 

Hélas, souvent l’autocritique se transforme en pensées punitives et autres ruminations, du genre : “je ne vaux rien”, “je suis nul·le”, “je n’y arriverai jamais”, “je ne suis pas assez bien”. Ces croyances néfastes sont parfois si ancrées en nous qu’elles se figent en schémas récurrents. Devenues automatiques, elles influencent notre façon d’agir dans le monde et notre vision de celui-ci. Elles s’accompagnent généralement aussi d’émotions douloureuses comme la culpabilité, l’anxiété , le mépris de soi-même, voire le dégoût parfois. 

Ça vous arrive à vous aussi, ces monologues intérieurs, ces ruminations mentales pénibles qui teintent notre quotidien de couleurs bien ternes ?

Autocritique : deux fonctions différentes

Comme nous l’avons vu, nombreux sont ceux qui pensent que l'autocritique est formatrice, que nous en avons besoin pour apprendre et progresser. Les psychothérapeutes (Powers et Zuroff) ont montré que l’autocritique peut avoir deux fonctions assez opposées et c’est ce qui nous induit généralement en erreur. En effet, nous verrons que la ligne entre les deux est ténue.

L'autocritique ressource : “la critique est bonne si elle est constructive”

Oui certes, s’observer, se connaître, se comparer et évaluer ses compétences peut favoriser nos progrès. L’autocritique peut d’une certaine manière nous aider à dépasser nos erreurs et donc d’en tirer des leçons. L’autocritique dans ce cas-là nous permet d’avancer et de construire une juste évaluation de nous-mêmes. Mais sommes-nous de si bons juges envers nous-mêmes ? Dans quelle mesure parvenons-nous à être objectifs ? Les risques de dérapage sont nombreux, car l’autocritique est aussi liée à l’estime de soi. Or, s’évaluer à sa juste valeur est compliqué.

L’image que l’on se fait de soi est souvent tronquée ou déformée, à l’instar de ces personnes ultraminces, persuadées d’être obèses. Nous nous connaissons en réalité assez mal et avons tendance à nous apposer des images qui ne reflètent pas ce que nous sommes.

L'autocritique devenue néfaste 

Dès lors, l’autocritique, au lieu d’être constructive ou ressource d’adaptation, revêt une fonction plus nocive. Plutôt que de favoriser un dialogue équilibré avec nous-mêmes, et de prendre en considération ces critiques, dans une juste analyse de nos actions, nous nous accablons. Nous retournons les critiques contre notre personne et sombrons dans la dépréciation : ce n’est pas mon rapport ou mon plat qui est mauvais, c’est moi qui suis “nulle” ou “un bon à rien”. Ces autocritiques ‘néfastes’ nous empêchent de voir le moindre aspect positif. Elles érodent l’estime de soi. Nous n’entendons plus que cette voix interne qui alimente constamment une vision de soi négative. Et cela risque de nous entraîner dans de bien sombres comportements.

Des études montrent que, chez certaines personnes, l’autocritique peut devenir si intense qu’elles en viennent à souffrir de troubles alimentaires, de dépression ou même d’automutilation, en particulier chez les jeunes filles.

Quels sont les risques ?

Inquiets à l’idée de lâcher cette autocritique car nous ne progresserions plus, nous la laissons se retourner “contre nous” et subissons sa toxicité. Au lieu de nous soutenir, elle nous freine et nous sabote en s’attaquant à notre personne. Dès lors, nous serons terrassés rien qu’à l’idée de parler en public ou en réunion. Nous n’essayerons même pas de pratiquer un nouveau sport ou un instrument de musique. Le rêve de gravir une montagne restera… un rêve. Et ces habitudes qui nous énervent et nous nuisent ne changeront pas. De fait, quand notre petite voix critique interne a pris le pas sur toute notre vie, nous partons a priori perdants. Alors, à quoi bon essayer...

Deux démarches pour sortir du cercle infernal de l’autocritique néfaste  

  1. Commençons par changer nos lunettes ! Pour aborder ces phrases négatives avec une autre perspective. Cela nous aider à les canaliser, à prendre un recul suffisant facilitant une prise de conscience de leur présence et de leurs effets néfastes. C’est comme faire un “travelling arrière”, mais dans notre tête : la caméra recul pour nous montrer un plan plus large dans lequel le critique ne prend plus tout l’écran. Parmi les idées simples à mettre en oeuvre pour donner corps à cette démarche, j’aime bien aussi celle qui consiste à tirer le portrait de mon autocritique, pour pouvoir le mettre à distance de moi et entamer avec lui un dialogue constructif.

  2. Nous pouvons alors nous entraîner à accueillir nos autocritiques avec un regard amical, curieux, ouvert, mais pas dupe. Surtout, ne pas nous critiquer de nous autocritiquer - ce qui ne serait qu’une manière de plus de nous critiquer ! Poser des questions avec une vraie curiosité, sans jugement. Qui es-tu, cher critique? Que me veux-tu ? Pourquoi agis-tu comme tu le fais ? Apprendre à cultiver cette introspection en toute bienveillance est au coeur de ma démarche et de mes formations.

Accueillis avec une tendresse naturelle, la honte ou le mépris que nous ressentions envers nous-mêmes fondent et laissent progressivement la place à une paix intérieure, une envie de progresser, une joie vivifiante. Bien sûr, ce changement ne se fait pas du jour au lendemain. Il requiert de l’attention, de la persévérance, du courage... Nous avons besoin de cultiver une vigilance de tous les instants pour repérer au plus tôt nos pensées critiques. Au fil du temps, cela devient un réflexe, une nouvelle nature qui nous transforme. Cela crée en nous une sécurité psychologique, une source grandissante de bienveillance que nous partageons alors généreusement avec les autres.   

Je ne sais pas vous, mais moi, au sortir d'une passe un peu morne, je vais m’y atteler et adopter une autre perspective pour que mon autocritique devienne bienveillante et constructive 😉

Pierre

Un nouveau yoga mental pour renverser et élargir nos pensées, enrichir notre compréhension du monde et des enjeux auxquels nous sommes confrontés

Un nouveau yoga mental pour renverser et élargir nos pensées, enrichir notre compréhension du monde et des enjeux auxquels nous sommes confrontés

Si vous me suivez régulièrement, vous connaissez mon intérêt pour l'assouplissement mental. A l'image du champion de tennis Novak Djokovic qui s'exerce au grand écart avec des gymnastes belges, un entraînement régulier est indispensable pour dérigidifier nos convictions, s'ouvrir à l'inverse de nos pensées, élargir nos horizons et regarder plus loin. La pratique est d’autant plus importante que la situation du monde nous invite à sauver l’avenir de l'humanité et, pour cela, à revoir et transformer nos modes de fonctionnement et les idées qui les sous-tendent. 

Mieux penser malgré un cerveau imparfait par nature

Pas de chance, par nature, notre cerveau est plutôt myope, limité, rigide et fainéant. 

  • Myope, il privilégie nos intérêts à court terme plutôt que ceux à plus long terme. 
  • Limité, il aime ce qu’il connaît déjà, ne voit que ce qu’il croit et est bien moins performant qu’il ne l’estime. 
  • Rigide, il prend ses croyances et convictions pour des certitudes et se révèle même addict à celles-ci. 
  • Fainéant, il privilégie la pensée rapide et courte aux réflexions plus longues. Cela s’explique par sa  programmation biologique qui l’a fait évoluer dans l’optique d’économiser au mieux nos efforts afin de préserver nos ressources. Dans la brousse, autant garder des réserves pour faire face à la pénurie ou l’imprévu…

Chaque matin ou presque, les pensées qui me permettent d’organiser ma douche, mon habillement et mon petit-déjeuner sont automatiques, comme la majorité de mes pensées quotidiennes (et des vôtres). Rapides, elles nous simplifient la vie en nous facilitant l’accès à des solutions connues à des problèmes connus.

Pratiquer un yoga mental

A contrario, penser vraiment, par exemple pour aborder des situations nouvelles, complexes ou inconnues, mobilise notre cortex préfrontal beaucoup plus gourmand en énergie, glucose et oxygène, et plus lent, ouvert et nuancé dans son fonctionnement. Pour accéder à cette capacité, nous avons besoin, dès l’enfance, d’apprendre à inhiber nos pensées automatiques, à freiner nos réactions trop rapides,  et à explorer aussi ce qui nous plaît moins ou ce que l’on n’a pas envie d’envisager (comme les conséquences néfastes de nos excès ou l'avis d'un opposant). Nous avons besoin de nous entraîner à le faire, car ce n'est pas naturel. J'ai coutume d'appeler l'ensemble de ces pratiques un "nouveau yoga mental", en hommage et complément du premier livre sur le sujet, écrit par le maître yogi André Van Lysebeth.

Explorer « le point de vue de l’adversaire » 

Il en va de même lorsqu’il s’agit d’aborder avec un nouveau regard ce que l’on pense déjà. Marguerite Yourcenar appelait ça explorer « le point de vue de l’adversaire ». Bien sûr que j’ai raison, puisque c’est ce que je pense. Cependant, et même si cela me déplaît, il se pourrait que l’autre ait aussi raison même si ses idées sont différentes des miennes. Et peut-être a-t-on tous les deux tort ou partiellement raison. Alors, si je me mettais dans la peau de l’autre pour mieux comprendre ses points de vue ? Si je cultivais un peu d’humilité, de sorte à reconnaître et accepter l’imperfection de mes propres idées et croyances, pour m’ouvrir à une plus juste réalité. 

Croiser les regards pour enrichir notre compréhension 

De fait nous sommes tous comme les 6 aveugles de ce conte ancien. Ensemble, ils sont confrontés pour la première fois à un éléphant ; chacun est sûr de savoir ce qu’il perçoit de ses mains : c’est un arbre (pour celui qui en touche la patte), un serpent (la trompe), une pierre (la défense), une liane (la queue)… Ce ne sera qu’en associant les pièces du puzzle de leurs savoirs imparfaits qu’ils pourront commencer à se faire une meilleure idée de la réalité. 

Le croisement constructif de regards et de perspectives nous aide aussi à voir le monde surliminal qui nous enserre. Si le subliminal concerne ce qui est si petit que l’on ne parvient à percevoir ni son existence ni son influence, comme la 25ème image insérée dans une seconde d’un film, le surliminal est si grand que l’on ne peut se rendre compte de ses effets. 

Prendre conscience des évidences surliminales qui nous enserrent "à l'insu de notre plein gré"

À titre d’exemples d'évidences surliminales, il est inimaginable, pour une grande majorité de personnes, de considérer que la société puisse continuer à bien fonctionner sans croissance économique ; beaucoup aussi sont convaincues que le « progrès » sera toujours capable d’apporter des solutions technologiques aux problèmes environnementaux que nous rencontrons ou que l’argent et le succès sont synonymes de bonheur. De telles idées sont si ancrées dans les esprits que nous ne les percevons même plus. Dès lors, impossible de les remettre en question. 

Dans les mois à venir, je vous propose que nous explorions ensemble des points de vue originaux, qui divergent par rapport aux croyances les plus courantes. Pas forcément pour les adopter, mais pour les explorer, les considérer, de sorte à assouplir et élargir nos pensées, voire de nous en approcher. Cela nous permettra d’enrichir notre compréhension du monde, des enjeux auxquels nous sommes confrontés et des solutions les mieux appropriées. 

Ma première invitée sera Aude Vidal. Nous explorerons ensemble certaines idées phares de son précieux petit livre vert Égologie. Ce sera le 29 août à 18h30. Comme d’habitude, l’inscription (gratuite) est indispensable pour accéder au direct ou à la rediffusion.

Pour terminer, j’ai eu envie d’illustrer l’urgence de réapprendre, chacun·e, à penser au-delà de l’horizon de nos idées habituelles, avec ce texte lumineux, étonnamment actuel malgré son âge, proche du mien. Il est extrait de L’obsolescence de l’homme, chef d'oeuvre de Günther Anders. 

Un texte sexagénaire pour stimuler le désir de renverser et élargir nos pensées

« Pour étouffer par avance toute révolte, il ne faut pas s’y prendre de manière violente. Les méthodes du genre de celles d’Hitler sont dépassées. Il suffit de créer un conditionnement collectif si puissant que l’idée même de révolte ne viendra même plus à l’esprit des hommes. L’idéal serait de formater les individus dès la naissance en limitant leurs aptitudes biologiques innées.

Ensuite, on poursuivrait le conditionnement en réduisant de manière drastique l’éducation, pour la ramener à une forme d’insertion professionnelle. Un individu inculte n’a qu’un horizon de pensée limité et plus sa pensée est bornée à des préoccupations médiocres, moins il peut se révolter. Il faut faire en sorte que l’accès au savoir devienne de plus en plus difficile et élitiste.

Que le fossé se creuse entre le peuple et la science, que l’information destinée au grand public soit anesthésiée de tout contenu à caractère subversif. Surtout pas de philosophie. Là encore, il faut user de persuasion et non de violence directe : on diffusera massivement, via la télévision, des divertissements flattant toujours l’émotionnel ou l’instinctif.

On occupera les esprits avec ce qui est futile et ludique. Il est bon, dans un bavardage et une musique incessante, d’empêcher l’esprit de penser.

On mettra la sexualité au premier rang des intérêts humains. Comme tranquillisant social, il n’y a rien de mieux. En général, on fera en sorte de bannir le sérieux de l’existence, de tourner en dérision tout ce qui a une valeur élevée, d’entretenir une constante apologie de la légèreté ; de sorte que l’euphorie de la publicité devienne le standard du bonheur humain et le modèle de la liberté.

Le conditionnement produira ainsi de lui-même une telle intégration, que la seule peur (qu’il faudra entretenir) sera celle d’être exclu du système et donc de ne plus pouvoir accéder aux conditions nécessaires au bonheur. L’homme de masse, ainsi produit, doit être traité comme ce qu’il est : un veau, et il doit être surveillé comme doit l’être un troupeau. Tout ce qui permet d’endormir sa lucidité est bon socialement, ce qui menacerait de l’éveiller doit être ridiculisé, étouffé, combattu.

Toute doctrine mettant en cause le système doit d’abord être désignée comme subversive et terroriste et ceux qui la soutiennent devront ensuite être traités comme tels. On observe cependant, qu’il est très facile de corrompre un individu subversif : il suffit de lui proposer de l’argent et du pouvoir. »

Günther Anders « Die Antiquiertheit des Menschen » (L’obsolescence de l’homme) 1956 

21 jours pour adopter une habitude ? Pas vraiment

21 jours pour adopter une habitude ? Pas vraiment

Que nous dit la recherche ?

Les chercheurs du département de psychologie de l’University College London ont consacré beaucoup de temps et d’efforts à comprendre ce qui est nécessaire pour qu’une «habitude» se forme. Au terme de leurs recherches, ils brisent le mythe selon lequel il suffirait de 21 jours d’efforts pour installer ou modifier une habitude.

Pour commencer, précisons ce qu’ils appellent les habitudes : des actes appris qui se déclenchent automatiquement lorsque nous rencontrons la situation dans laquelle nous avons déjà fait ces actions à plusieurs reprises.

Voici ce qu’en disent Benjamin Gardner and Susanne Meisel sur le blog de leur université.

Nous savons que les habitudes se forment grâce à un processus appelé «répétition dépendante du contexte». Par exemple, imaginez que, chaque fois que vous prenez le chemin du retour, en fin de journée, vous mangiez une collation, par exemple une barre de céréales. La première fois que vous en mangez une pendant votre retour à la maison, un lien mental se crée entre le contexte (rentrer à la maison) et votre réaction à ce contexte (manger une collation). Chaque fois que vous grignotez par la suite pour rentrer chez vous, ce lien se renforce, au point que rentrer à la maison vient vous inciter à manger un en-cas automatiquement, sans trop y penser. Une habitude s'est formée.

De l'intérêt d'avoir des habitudes (quand elles sont bonnes)

Les habitudes sont mentalement efficaces: l'automatisation des comportements fréquents nous permet de conserver les ressources mentales que nous utiliserions autrement pour surveiller et contrôler ces comportements, et de les déployer dans des tâches plus difficiles ou plus originales. Les habitudes vont probablement persister dans le temps; parce qu’elles sont automatiques et ne reposent donc pas sur une pensée consciente, la mémoire ou la volonté. C’est pourquoi l’intérêt croissant, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur de la psychologie, concernant le rôle des «habitudes» dans le maintien de nos bons comportements.

 

Alors, d’où vient le chiffre magique ’21 jours ’?

Nous pensons avoir repéré la source. Dans la préface de son livre «Psycho-cybernétique» de 1960, le docteur Maxwell Maltz, chirurgien plasticien devenu psychologue, écrit :

"Il faut généralement au moins 21 jours pour que tout changement perceptible d’une image mentale se produise. Après une chirurgie plastique, il faut environ 21 jours à un patient moyen pour s’habituer à son nouveau visage. Quand un bras ou une jambe est amputé, le «membre fantôme» persiste pendant environ 21 jours. Les gens doivent vivre dans une nouvelle maison pendant environ trois semaines avant que celle-ci ne « commence à ressembler à la maison ». Ces phénomènes, ainsi que de nombreux autres phénomènes couramment observés, tendent à montrer qu’il faut au minimum environ 21 jours à une ancienne image mentale pour se dissoudre et à une nouvelle pour se gélifier." ’(Pp xiii-xiv)

On ignore comment les preuves anecdotiques de patients en chirurgie plastique ont été généralisées. Une possibilité est que la distinction entre le terme accoutumance (qui signifie «s’habituer» à quelque chose) et la formation d’habitude (qui renvoie à la formation d’une réponse provoquée automatiquement par une situation associée) ait été perdue quelque part dans la traduction. Maltz a également déclaré ailleurs que:

« Notre image de soi et nos habitudes ont tendance à aller de pair. Si vous en changez un, vous changerez automatiquement l’autre. » (P108)

Les lecteurs ont peut-être pensé que, si le changement de l'image de soi prend 21 jours et si les modifications de l'image de soi entraînent nécessairement des modifications d'habitudes, la formation d'habitudes doit aussi nécessiter 21 jours. Bien que «21 jours» puisse éventuellement s’appliquer à un ajustement à la chirurgie plastique, il n’est pas fondé comme base pour la formation d’habitudes. Alors, si ce n’est pas 21 jours, combien de temps faut-il vraiment pour créer une habitude?

Une recherche rigoureuse

Les chercheurs de notre département ont effectué une étude plus rigoureuse et valide au sujet de la formation des habitudes (Lally, van Jaarsveld, Potts et Wardle, 2010). Les participants ont adopté un comportement alimentaire ou une activité favorable à la santé, qu'ils avaient choisi eux-mêmes (par exemple, boire un verre d'eau), en réponse à un signal quotidien (par exemple, après le petit-déjeuner). Et ils ont partagé des rapports quotidiens indiquant dans quelle mesure, ils sentaient que le comportement était automatique (habituel).

Les participants ont été suivis pendant 84 jours. L’automaticité se développait généralement selon un schéma similaire : les répétitions initiales du comportement entraînaient des augmentations assez importantes du niveau d’automaticité, mais la taille de ces augmentations diminuaient au fur et à mesure que le comportement était répété, jusqu’à ce que l’automaticité atteigne un plateau. Considérant que le point où l'automaticité est la plus élevée est aussi celui où l'habitude s'est formée, il aura fallu en moyenne 66 jours pour la formation de celle-ci. (Pour illustrer cela, ce serait donc le 6 mars pour une personne adoptant une résolution de Nouvel An.)

Il est toutefois intéressant de noter que la rapidité avec laquelle l’automaticité a atteint son point culminant varie énormément d’une personne à l’autre, alors que chaque participant avait répété quotidiennement le comportement choisi: pour une personne, cela ne prit que 18 jours, et une autre n’est pas arrivée dans les 84 jours.

Mais alors, que fait-on ?

En conclusion : gardez le cap ! La formation d'habitude en 21 jours est un mythe; cela prend généralement plus longtemps que cela. La meilleure estimation est 66 jours, mais il est peu judicieux d’essayer d’attribuer un nombre à ce processus. La durée de formation d'habitude est susceptible de varier en fonction de vous et de ce que vous voulez faire. Tant que vous continuerez à pratiquer régulièrement votre nouveau comportement sain à l’occasion de la même situation donnée, une habitude se formera. Mais vous devrez probablement persévérer après le 21 janvier.

 

Pierre

 

Source du texte original en anglais : Benjamin Gardner et Susanne Meisel https://blogs.ucl.ac.uk/bsh/2012/06/29/busting-the-21-days-habit-formation-myth/

Source image :Unsplash / @anniespratt

Le manque de moyens vous stresse ? Voici de quoi corriger cela…

Le manque de moyens vous stresse ? Voici de quoi corriger cela…

Comme vous peut-être, nombreux sont celles et ceux qui stressent, car les moyens leur manquent. J'ai bien connu ça 😉
Et la situation actuelle liée à la COVID-19 ne fait qu'empirer les choses.

 

On se fait du souci pour son quotidien, son job, son entreprise, l’avenir de ses enfants, sa retraite, des dettes… Ou alors, c’est la frustration de manquer de revenus, de richesses, de liberté financière pour investir, s’équiper, (se) faire plaisir ou voyager. On aimerait être mieux rémunéré·e, trouver un meilleur boulot ou se lancer à son compte, gagner l’Euromillions…

 

Une double pénitence

On souffre de ces manques et, en plus, on se critique de ne pas parvenir à les combler. On s’en veut de ne pas se sentir à la hauteur. C’est la double pénitence. Par moment, on se sent complètement nul·le. Alors, la tristesse et le découragement nous envahissent, ou la colère, la jalousie. Pourquoi ils y arrivent, et pas nous ? Pourquoi n’y a-t-on pas droit ? On a honte, envie de se cacher, de disparaître, de tout casser…

 

Une vie en dents de scie, riche en apprentissages

J'ai vécu ça de près. Ma vie a été une succession de montagnes russes : des hauts et des bas, et même très bas ! Ces expériences m’ont amené à découvrir quelques principes fondamentaux qui pourraient aussi vous aider. À commencer par ceux-ci :

  • Pour améliorer ce que nous avons, nous avons besoin d’améliorer ce que nous faisons. Et, pour cela, nous avons besoin d’améliorer ce que nous pensons, ainsi que ce que nous sommes ou l’idée que nous nous en faisons.
  • La plupart des richesses que nous convoitons sont suscitées par notre culture occidentale. Ce sont des mirages qui ne nous apportent ni le bonheur ni la satisfaction que nous en attendons ; au contraire, ils peuvent nous en éloigner.
  • La science nous montre qu'un "état d'esprit de pénurie" (peur de manquer) peut nous faire perdre nos capacités à penser avec intelligence.
  • La richesse à laquelle nous pouvons accéder est conditionnée par l’idée que nous faisons de notre valeur personnelle, et par quelques croyances-clés, souvent inconscientes, qui nous limitent inutilement. Le coeur du problème, et donc de sa solution, se situe au niveau de l'estime de soi.

 

Un sondage pour mieux vous comprendre

Pour mieux comprendre les difficultés que vous rencontrez, j'ai lancé un sondage sur vos difficultés liées à la richesse ou l'argent. Dans vos premières réponses, je lis beaucoup d'inquiétudes causées par la situation actuelle. Vous êtes nombreux à me demander comment (re)trouver la confiance, la sérénité, le courage, pour y faire face et soutenir les changements que vous désirez ou qui vous sont imposés.

Ce que vous décrivez pourrait bien être la "résilience". Vous me direz que tout le monde en parle aujourd'hui... Pourquoi revenir dessus ?

Résilience ? Qu'est-ce exactement ?

Selon les disciplines et les experts, la résilience est la capacité d'une personne, d'une collectivité, d'un animal, d'un organisme ou d'un matériau, de résister à une contrainte ou un effort, de se remettre après un accident, un choc ou un échec, de rebondir, de renaître, de s'adapter... Souvent,  c'est l'entité elle-même (p.ex. la personne) qui fait preuve de résilience ; parfois, un appui extérieur est nécessaire.

 

Comment développer sa résilience ?

OK, Pierre, me direz-vous, mais alors pourquoi quelqu'un parvient-il à "tomber 7 fois et se relever 8" comme l'écrivain Philippe Labro, alors qu'une autre va rester au sol ? Comment développer cette qualité de sorte à pouvoir compter sur elle si une crise nous menace ou nous frappe ?  D'où viennent le calme, la confiance, le courage et la force qui favorisent la résilience ?

 

Je réponds à toutes ces questions, lors de la nouvelle conférence que je vous prépare depuis quelques mois :

« Richesses et valeur personnelle »

Ce sera le mardi 8 septembre 2020 à 20h30. L'inscription peut se faire ici.