Nous vivons dans une société où règne en maître la recherche de plaisir et de confort. Notre bien-être et notre bonheur semblent en dépendre davantage que de nos efforts. Et s’il s’agissait d’un leurre ? Depuis la nuit des temps, il paraît naturel de vouloir améliorer nos conditions de confort et de travailler pour cela : vivre au chaud, manger agréablement, être bien habillés, se déplacer facilement. Mais notre société nous pousse à en vouloir toujours plus. C’est la base du consumérisme : la création de besoins ou, tout au moins, de désirs pour stimuler la consommation, la production et le commerce. Du coup, on nous propose toujours plus de tentations. Ces incitations au plaisir immédiat génèrent en nous une régulière insatisfaction. Mais cette course à l’assouvissement de nos besoins nous fait perdre notre dynamisme, notre goût de l’effort. Et sa contribution à notre bien-être n'est qu'un piège.

Où sont passés nos désirs profonds, nos élans de vie ?

La question est peut-être là : à force de privilégier l’immédiateté du plaisir, on n’a plus le temps de laisser émerger nos désirs profonds. Tout nous est offert sans la moindre difficulté, disponible, accessible, livré rapide, avec des facilités de paiement… Du coup, nous ne voyons plus clair sur ce qui nous fait du bien. Nous sommes coupés de nos véritables aspirations, de nos élans de vie. Et, profitant de toutes les facilités offertes, nous évitons tout effort, ce qui à terme nous détruit et nous tue.

Êtes-vous branché sur votre conatus ?

  Le “conatus”, concept fondamental de la philosophie de Spinoza désigne « l’effort que fait chaque chose pour persévérer dans son être ». Selon lui, chacun de nous se définit par son appétit de vivre, son “désir” de vivre. Spinoza décrit celui-ci non pas comme une attraction physique ou intellectuelle, mais plutôt comme une propriété inhérente à tout être, comme une pulsion vitale. Le conatus est l’effort que nous déployons pour tendre vers ce que l’on est au plus profond de nous-même. Malheureusement, il nous arrive d’orienter nos efforts et toute notre force d’exister, vers des choses qui ne correspondent pas à notre nature. Lorsque nous choisissons de manière systématique ce qui est facile, parce que nous n'acceptons pas que les choses nous résistent, nous nous débranchons en quelque sorte de notre désir premier, de notre conatus.   De fait, nous sommes dans l’erreur lorsque nous pensons que notre quête insatiable de combler les besoins que la société tente de nous imposer est le propre de notre nature. Spinoza nous invite à comprendre ce qui lui correspond plus précisément, et à y consacrer nos efforts.

Vive la loi du moindre effort !

Le mot « effort » a souvent une mauvaise image. Pour certains, il est même effrayant. Rien qu’à l’entendre, on a envie de s’assoir dans son transat. On anticipe la sueur, une lutte contre soi-même avec, à terme, de la douleur ou un inévitable épuisement. Il y a une sorte de logique perdante. Dans la pratique, nous pensons avoir besoin de recourir à des efforts quand nous sommes déjà à bout ou presque. Pour moi, par exemple, c’est l’injonction de ce prof tortionnaire : “Oh, mais bon sang, fais un effort !” Ça me rappelle mes plus mauvais moments à l’école. La loi du moindre effort semble donc une preuve d’intelligence. Notre cerveau n’est-il pas câblé pour nous éviter les difficultés, la pénibilité, les risques et économiser notre énergie ? Pour privilégier la facilité et la quête de plaisir immédiat ? En effet, c'est comme ça qu'il fonctionne. Et c'est là la source du bug : car notre cerveau n'est pas programmé pour notre bonheur ou notre bien-être, mais pour la survie de notre espèce !

L’effort, déclencheur de l’envie d’apprendre

En fait, nous avons tout à gagner à soutenir nos efforts au-delà de ce que notre cerveau semble nous indiquer. Par exemple, la neuropsychologie nous apprend qu’à l’école, les élèves intègrent de nouvelles connaissances grâce à un conflit cognitif : le fait de ne pas savoir quelque chose me pousse à vouloir le connaître. Ce déséquilibre, ce manque, motive l’effort et nous rend plus aptes à désirer chercher plus loin. Pour apprendre, on a besoin de passer par des moments désagréables. A l’instar de l'autorité, l'effort est utile pour renforcer l'individu dans sa relation à la réalité. En acceptant d’expérimenter ce type de frustration, nous apprenons à renoncer à un plaisir immédiat et à résister à nos automatismes, ce qui nous permet d’obtenir plus ou mieux, à moyen terme. C’est la même chose chez les adultes, si nous ne nous mettons pas volontairement dans des situations où le réel nous résiste un tant soit peu, nous n’apprendrons plus. Si nous acceptons de nous confronter à des situations qui nous sortent de notre confort habituel, nous comprenons mieux ce qui nous importe, ce pour quoi nous avons vraiment envie de nous mobiliser et de nous battre.

L’effort n’est pas une fin en soi

Cela dit, ne vous méprenez pas sur mes intentions. Ce qui m’importe ici n’est pas de vous recommander l’effort en tant que tel, mais de porter votre attention sur ce qui nous incite à l’effort. Ce qui compte, c’est la curiosité, le désir d’en faire un peu plus et de résister à la facilité. La philosophe et ancienne championne de tennis, Isabelle Queval apporte une nuance qu’il importe de souligner : l’effort ne doit pas être compris ici dans une quête de performance. Le culte de la performance nous assomme de toute part, et l’injonction de l’effort se fait entendre encore plus négativement. Il s’agit de comprendre l’effort plutôt en des termes de connaissance de soi, de souci de soi, de développement et d’accomplissement personnel.

Le moyen d’identifier un élan de vie

Pour répondre à notre question de départ, privilégier l’effort à la facilité est un moyen très utile pour identifier ce que nous sommes vraiment puis nous aligner en conséquence. Comme nous y invite Spinoza, c’est le moyen de trouver notre élan vital. L’effort ne sera alors plus une lutte perdue d’avance, mais un élan naturel, vivant, enthousiasmant, un moyen qui nous aidera à faire ce qui nous fait du bien, avec énergie et satisfaction. Une force de vie. Alors, ça vous dirait de faire un petit effort supplémentaire ? Je m’y mets de ce pas !

 

Pierre  😉

Source image : Chris Linnett sur Unsplash

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